jeudi 19 mai 2016

La politique budgétaire


Qu'est-ce qu'un modèle macroéconomique ?
C'est sur la base d'une description de l'économie d'un pays que sont construits les modèles
macroéconomiques. Construire un modèle consiste à formuler des hypothèses sur le
comportement des acteurs et le fonctionnement des marchés.
Avant d'examiner de quoi il s'agit, insistons d'abord sur l'importance des choix théoriques
qui ont déjà été faits dès l'étape de construction d'une représentation de l'économie.
1.1. Nature et limites de l'architecture descriptive de l'économie
Tout modèle est évidemment une représentation très simplifiée de la réalité. C'est dès le stade de
la description de l'économie qui va permettre de construire un modèle, que nous avons,
drastiquement, limité le nombre de problèmes que cette description du monde va permettre
d'étudier. Par exemple , dans l’architecture descriptive d’une économie nationale présentée au
Chapitre 8 et que nous allons reprendre pour construire les modèles :
− Avec un seul groupe "Ménages", nous nous interdisons d'étudier la répartition des revenus au
sein des ménages.
− Avec des variables indépendantes de toute référence géographique, nous nous interdisons
d'étudier des phénomènes de développement inégal au sein du territoire de l'économie
nationale.
Nous avons de plus, en définissant un nombre très limité de concepts, drastiquement limité a
priori les déterminations causales des phénomènes que nous souhaitons étudier.
Ainsi par exemple, dans le type d'architecture choisi, n'intervient pas la religion. Or peut-on
affirmer a priori que la religion est sans importance sur le taux de chômage, par exemple ?
L'observation des faits ne le permet certainement pas. Ainsi dans l'OCDE, on constate que le
taux de chômage est en moyenne plus élevé dans les pays catholiques que dans les autres. Cela
Initiation à l’Economie - Année 2004-2005 Pierre-Noël Giraud

ne prouve évidemment rien, mais avec un modèle construit sur l'architecture ci-dessus, on ne
pourra pas étudier cette question.
En réalité, il n'y a pas l'observation des faits sans théorie et la théorie ne peut donc s'induire de
faits qui seraient "bruts". La simple description du monde résulte toujours de décisions
théoriques a priori.
Quoi qu'il en soit, à ce stade, les déterminations causales d'un phénomène restent a priori
nombreuses, chaque variable étant susceptible d'agir sur n'importe quelle autre. Ce sera
précisément l'objet d'une théorie macro-économique de préciser ce qu'il en est, c'est-à-dire de
spécifier des chaînes de causalité.
1.2. La formulation des hypothèses théoriques d'un modèle macroéconomique
On peut en distinguer trois étapes.
1.2.1. Séparer les variables explicatives et les variables expliquées (exogènes/endogènes)
C'est la première opération de construction d'un modèle macroéconomique. Elle consiste à faire
un premier choix dans les relations possibles de causalité en séparant les variables que l'on veut
expliquer (endogènes) des variables explicatives, considérées comme exogènes.
Naturellement il faut que les secondes soient indépendantes des premières. Les variables
exogènes peuvent ne pas être indépendantes entre elles. Il faudra alors veiller à ce que le vecteur
des variables exogènes soit cohérent. Eventuellement, il sera lui-même déterminé par un autre
modèle.
1.2.2. Formuler des hypothèses de comportement des acteurs
Ce sont des relations entre variables (endogènes et exogènes) qui décrivent le comportement
d'une catégorie d'acteurs.
On trouve ainsi, dans tous les modèles macro-économiques des relations décrivant :
− La consommation des ménages, donc en fait le partage consommation/épargne du revenu
disponible des ménages.
− L'investissement des entreprises.
− La demande de monnaie des ménages (et des entreprises).
− Les exportations et les importations, les ventes et achats de titres par "l'extérieur".
1.2.3. Formuler des hypothèses de fonctionnement des marchés
Ces relations sont plus complexes.
Initiation à l’Economie - Année 2004-2005 Pierre-Noël Giraud

Elles décrivent comment fonctionnent les marchés, ou comme cela se dit de manière plus
imagée en anglais : "How markets clear". Ce dont il s'agit en effet c'est de la manière dont les
plans a priori divergents des acteurs sont rendus compatibles en se confrontant sur les marchés,
donc comment les marchés réduisent ("clear" est mieux) les écarts entre offres et demandes.
Dans tous les modèles macro-économiques on doit donc formuler des hypothèses sur la manière
dont fonctionnent les marchés suivants :
− marché de biens et services (plusieurs si on a distingué plusieurs types de biens et services),
− marché du travail,
− marché des titres,
− marché de la monnaie.
Puisque le fonctionnement des marchés est en vérité fondé sur des comportements d'acteurs, la
frontière entre hypothèses de comportement et de fonctionnement n'est donc pas vraiment
rigoureuse. Les distinguer est cependant justifié pour deux raisons, liées entre elles.
− Le problème de « l'agrégation ». Nous avons vu au chapitre 1 qu’il était parfois difficile de
passer du comportement d’acteurs individuels à celui d’acteurs collectifs. Le fonctionnement
des marchés résulte d'interactions complexes, éventuellement stratégiques (un acteur prend
en compte la réaction des autres à sa propre action et réciproquement) entre catégories
différentes d'acteurs. De plus, nous avons également vu, au chapitre 6, que les questions
d’information sont cruciales dans l’analyse du fonctionnement des marchés. Il en résulte que,
sur le plan théorique, il est encore plus difficile de passer des comportements individuels aux
comportements collectifs.
− Il est nettement plus facile de vérifier, à partir de séries de données fournies par les
comptabilités nationales, une relation simple de comportement d'un groupe d'acteurs, par
exemple la manière dont les ménages partagent leur revenu disponible entre consommation
et épargne. On a en effet des séries statistiques sur chaque variable. Il est plus difficile de
vérifier de cette manière une hypothèse de fonctionnement d'un marché.
Nous avons vu au chapitre 6 qu’il existe deux modalités polaires de réduction des déséquilibres
ex ante entre offre et demande sur un marché : la variation des prix, qui modifient les offres et
les demandes, et le rationnement, qui fait qu'une partie des offres (ou demandes) ex ante ne sont
pas satisfaites, sans pour autant que les prix aient bougés. Le chômage dit "involontaire" résulte
de ce type de fonctionnement : au prix constaté du travail, il y a des gens qui voudraient
travailler et dont les offres de travail ne rencontrent aucune demande. Dans la réalité, c'est
rarement tout l'un (mais cela existe, comme on l’a vu : les bourses de commerce et les marchés
financiers fonctionnent de façon quasi pure par des variations de prix) ou tout l'autre. On a le
plus souvent affaire à une combinaison des deux, à la fois diachronique (les deux en même
temps) et synchronique : rationnement d'abord, puis au fur et à mesure qu'il y a prise de
conscience des déséquilibres, ajustement des prix. On conçoit la difficulté qu'il y a d'abord à
formaliser ces phénomènes, puis ensuite à trancher entre les hypothèses ainsi formalisées.
Initiation à l’Economie - Année 2004-2005 Pierre-Noël Giraud

En conséquence, c'est sur les hypothèses de fonctionnement des marchés que portent les
principales différences entre modèles macro-économiques. Nous verrons ci dessous que les
modèles macroéconomiques néoclassiques et keynésiens différent justement par ces hypothèses.
Les modèles néoclassiques posent que les prix sont flexibles, au moins à moyen terme, les
modèles keynésiens qu’ils sont rigides à court terme. Dans la réalité, comme cela vient d’être
souligné, certains marchés réagissent d’abord par les quantités, puis par les prix. Il en résulte
que les modèles keynésiens sont plus aptes à analyser des évolutions de court terme, et les
modèles néoclassiques de moyen terme.
Dans la suite de ce chapitre nous allons analyser deux modèles très simples : un modèle
classique et un modèle keynésien, en économie fermée, c'est-à-dire sans rapport avec l'extérieur.
Nous les présenterons construits sur la même architecture, ce qui facilitera les comparaisons.

Tajini

Author & Editor

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